Pelletage
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Page mise à jour le:      16 février, 2008

 

PELLETAGE

Prendre le bon poids de matière avec la pelle adaptée a permis de multiplier par 6 la quantité manutentionnée par jour. L'optimisation du pelletage est une autre réussite exemplaire souvent citée par Taylor.
Le texte ci-dessous est extrait de « La direction scientifique des entreprises » (Dunod 1957) qui est une reprise des « Principles ».

 
 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Dans cette usine, on manutentionnait surtout du minerai de fer et ensuite du coke. Or, les pelleteurs prenaient des charges unitaires très diverses depuis 1 kg 3/4 de coke, jusqu'à 19 kg de minerai. Quelle était la charge convenable de la pelle ? Ils ne pouvaient pas tous avoir raison. Quand on applique les principes de direction scientifique, on ne donne pas à cette question une réponse basée sur l'opinion. On procède à une enquête exacte, soigneuse, scientifique.

Dans l'ancien système, vous auriez appelé un ouvrier particulièrement qualifié et vous auriez dit : Hé ! Pat, quel est le poids de matières qui constitue une pelletée ? Si deux ou trois autres ouvriers avaient été d'accord sur ce poids, vous auriez affirmé que c'était le poids convenable et vous vous en seriez tenu là. Mais, dans le système de direction scientifique, chaque élément du travail accompli par chacun des ouvriers de votre entreprise fait l'objet un jour ou l'autre d'une enquête exacte, précise et scientifique et la connaissance remplace les opinions : « je crois que » ou « j'estime que ». Chaque mouvement, chaque petit fait devient l'objet d'une telle enquête...

On peut se demander s'il existe une science du pelletage. Cette science est si élémentaire qu'elle est par elle-même presque évidente ; pour un pelleteur qualifié, il existe une pelletée type qui lui permettra d'exécuter le travail journalier le plus important.

Quel est le poids unitaire de chaque pelletée ? Un ouvrier qualifié fera-t-il plus de travail par jour avec des pelletées de 3 kg , de 5kg, de 8 kg , de 10, de 15, de 20 ou de 25 kg ? Or, voici une question à laquelle on ne pourra répondre qu'après avoir procédé à des essais sérieux. Il faut tout d'abord choisir deux ou trois pelleteurs qualifiés, puis leur payer un salaire élevé pour qu'ils accomplissent leur travail avec loyauté et alors faire varier les pelletées et observer soigneusement les conditions d'exécution de leur travail ; ceci doit être fait pendant plusieurs semaines par des hommes qui soient entraînés à surveiller des essais.

Je me souviens que nous commençâmes par étudier la manutention d'une matière très dense, travail qui entraînait le déplacement d'une pelletée également très lourde. Nous commençâmes par utiliser un type de pelle déterminé. Nous envoyâmes nos deux ouvriers dans différentes parties du chantier, chacun suivi par l'homme chargé de les observer et leur fîmes exécuter un travail de même nature. Nous veillâmes à ce que les conditions de travail soient identiques afin de nous assurer qu'il n'y ait pas d'erreurs dans les appréciations portées par les observateurs et de vérifier qu'effectivement les ouvriers étaient convenablement qualifiés.

Le nombre de pelletées que chaque ouvrier manutentionna au cours de la journée fut compté et enregistré. A la fin de la journée, la quantité de matière déplacée par chaque ouvrier fut pesée et ce poids fut divisé par le nombre de pelletées. Si je me souviens bien, nous constatâmes que la charge moyenne d'une pelle était de 19 kg , et qu'avec cette pelletée, l'ouvrier déplaçait disons 25 tonnes par jour. Nous coupâmes alors la pelle de façon à la rendre plus courte, la charge étant ainsi approximativement de 17 kg . Dans ces conditions, au lieu de manutentionner 25 tonnes, ils déplacèrent 30 tonnes par jour. Ces chiffres n'ont pas une valeur absolue. Ils sont simplement indiqués pour expliquer la façon dont fut conduite l'étude. Nous coupâmes encore la pelle, de façon à ce que la charge soit approximativement de 15 kg et nous renouvelâmes l'opération jusqu'à ce que nous constatâmes que le tonnage le plus important manutentionné par jour correspondait à une pelletée de 10 à 11 kg . Au-dessous de cette charge, le tonnage commençait à diminuer. Ainsi, nous avions établi d'une façon scientifique qu'un ouvrier bien adapté à son travail, un pelleteur qualifié, pouvait réaliser la meilleure journée de travail en déplaçant des pelletées de 10 kg .

Les résultats pour la troisième année de travail suivant ces méthodes

 

Anciennes méthodes

Nouvelles méthodes

(travail à la tâche)

Nombre d'ouvriers

400 à 600

140

Rendement en tonnes par ouvrier et par jour

10

59

Gain journalier d'un ouvrier

$ 1,15

$ 1,88

Coût moyen de manutention d'une tonne

$ 0,072

$ 0,033

Pour calculer le coût de 0,033 à la tonne, nous avons tenu compte des dépenses de bureau, de magasin et des salaires de tous les chefs d'ateliers, contremaîtres, employés, agents d'étude des temps, etc.
Pendant cette année, les économies totales dues aux nouvelles méthodes par rapport à l'ancien système s'élevèrent à 36 417,70 dollars et pendant les six mois suivants, quand tout le travail de la cour fut exécuté, avec fixation des tâches, l'économie annuelle fut de l'ordre de 75 à 80.000 dollars.

Aux usines de la Compagnie des Aciéries de Bethlehem, par exemple, par la simple application de cette loi, au lieu de permettre à chaque pelleteur de choisir et d'acheter sa pelle, il devint nécessaire d'approvisionner quelque huit à dix modèles différents de pelles, chacune étant appropriée à la manutention d'une catégorie déterminée de matière, non seulement pour permettre aux ouvriers de manutentionner à chaque pelletée environ 10 kg , mais encore pour adapter la pelle à certaines autres conditions du travail qui deviennent parfaitement claires quand on eut étudié ce travail suffisamment à fond pour le rendre scientifique.

Quand chaque ouvrier avait le droit de posséder sa propre pelle, il lui arrivait fréquemment de manutentionner du minerai de fer en faisant des pelletées de 14 à 15 kg et de ne faire que des pelletées de 2 kg quand il s'agissait de morceaux de charbon. Dans le premier cas, il avait à fournir un effort si excessif qu'il lui était impossible de travailler tout au long de la journée et, dans l'autre cas, il gaspillait son temps en mouvements inutiles et, pour un motif inverse, il lui était impossible d'atteindre un rendement raisonnable.

En bref, pour montrer comment quelques-uns des autres éléments qui constituent la science du pelletage ont été réunis, des milliers d'observations avec une mesure du temps ont été faites pour étudier à quelle allure un ouvrier utilisant dans chaque cas le modèle convenable de pelle, pouvait enfoncer sa pelle dans le tas de matière et l'en retirer correctement remplie. Ces observations portèrent d'abord sur le geste de pousser la pelle dans le tas de matière, puis sur le geste de la repousser dans un fond de tas de matières non homogènes, c'est à dire sur le bord du tas, puis sur des restes de matières déposées sur un sol de planches et, finalement, sur des restes de matières se trouvant sur une plaque d'acier. Ensuite une étude de temps similaire fut faite avec précision sur le geste de rejeter la pelle vers l'arrière et, ainsi, de jeter la charge à une distance horizontale donnée et à une hauteur également précise. On procèda à de telles études de temps en faisant varier la distance et la hauteur.

La bonne méthode consiste à appuyer fermement l'avant-bras sur la partie supérieure de la jambe gauche, juste au-dessous de la cuisse, à prendre le manche de la pelle de la main droite et, ainsi, à pousser la pelle dans le tas ; on évite ainsi de se servir des muscles de ses bras, ce qui est fatigant. On jette le poids de son corps sur la pelle et celle-ci s'enfonce facilement sans fatigue pour les bras.

Il y avait environ 600 pelleteurs et travailleurs de cette catégorie dans la cour de la Compagnie des Aciéries de Bethlehem à cette époque. Ces hommes se trouvaient, pour leur travail répartis dans une cour qui avait environ 3 kilomètres de long et huit cent mètres de large.

Chaque ouvrier arrivait à l'usine le matin, il trouvait dans sa case, son jeton numéroté et par-dessous deux morceaux de papier, l'un indiquait quels outils il devait demander au magasin d'outillage et où il devait commencer de travailler et le second lui donnait le compte rendu de ce qu'il avait fait la veille, c'est à dire la quantité de travail qu'il avait fournie et, par conséquent, la somme d'argent qu'il avait gagnée. Beaucoup de ces ouvriers étaient des étrangers, ils ne savaient ni lire ni écrire, mais ils comprenaient d'un seul coup d'oil quel était le sens de ce compte rendu : si le papier était jaune, cela signifiait que l'ouvrier n'avait pas réussi à accomplir sa tâche le jour précédent ; il était ainsi informé qu'il n'avait pas gagné les 1,85 $ prévus et qu'il lui était rappelé que l'on ne gardait dans ces équipes que les ouvriers qualifiés. On lui souhaitait donc de gagner son plein salaire dans le jour à venir. Quand les ouvriers recevaient un papier blanc, cela voulait dire que tout allait bien, mais quand ils avaient un papier jaune, cela signifiait pour eux qu'ils devaient faire un effort pour améliorer leur travail, sinon ils seraient transférés à un autre genre de travail. Mais avant qu'un tel transfert ait lieu, l'ouvrier savait que, dans les deux à trois jours à venir, quelque chose allait arriver et il était certain que cela se passerait ainsi. Chacun savait qu'après avoir reçu trois ou quatre feuilles jaunes, un professeur lui serait envoyé par le bureau de préparation. C'était un professeur de pelletage. Il était lui-même un bon pelleteur. L'instructeur venait dans tous les cas, non pour pousser l'ouvrier à travailler plus dur, mais pour essayer d'une façon amicale et fraternelle de l'aider. Il disait : « Pierre, il y a quelque chose qui ne va pas. Vous savez qu'un ouvrier qui ne peut pas gagner un salaire élevé ne peut pas rester sur le chantier et vous serez renvoyé si nous ne pouvons pas découvrir ensemble pourquoi il en est ainsi. Je pense que vous avez oublié la façon dont il faut s'y prendre pour pelleter convenablement. Je crois que c'est là le problème. Allez-y et laissez-moi vous observer. Je veux voir comment il me faut m'y prendre pour vous aider.

On construisit un grand magasin à pelles.

Pour pouvoir établir le programme journalier et s'occuper ainsi de chaque ouvrier, un par un, il fut nécessaire de construire un bureau de préparation du travail pour le chef de cour.

On cessa de faire faire le travail par de grandes équipes d'ouvriers et on se mit à s'occuper de chaque ouvrier individuellement.

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