La manutention des gueuses de fonte
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Page mise à jour le:      16 février, 2008

 

Manutention des gueuses de fonte

L'histoire du fameux Schmidt qui arrivait à charger 48 tonnes de gueuses de fonte en suivant les principes de Taylor. Une réussite exemplaire si on en croit le récit fait par Taylor. La réalité fut « légèrement » différente.

 

 
 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le récit de Taylor dans «Les Principes »

« Tu feras exactement du matin au soir, ce que cet homme (le chronométreur) te dira demain. Quand il te dira de soulever une gueuse et de marcher, tu soulèveras et marcheras ; et quand il te diras de t'asseoir et de te reposer, tu t'assiéras. Tu fera exactement comme cela toute la journée. Et de plus, pas de discussion. Un bon ouvrier fait exactement ce qu'on lui dit et ne discutaille pas. Compris ? Quand cet homme te dis de marcher, tu marches ; quand il te dit de t'asseoir, tu t'assieds, et tu ne discutes pas.(.).

Ce langage peut paraître brutal, et le serait s'il s'adressait à un mécanicien qualifié ou même à un ouvrier intelligent. Mais avec un individu à l'esprit aussi lourd que Schmidt, il était approprié et dénué de brusquerie (.).
Schmidt se mit au travail et toute la journée, à intervalles réguliers, l'homme qui se tenait à côté de lui avec un chronomètre lui disait : « Maintenant ramasse une gueuse et marche. Maintenant assieds-toi et repose-toi ; marche, repose-toi », etc. Il travailla quand on lui dit de travailler, il se repose quand on lui dit de se reposer, et à cinq heures et demi de l'après-midi, il avait chargé ses 48 t dans le wagon. Il ne s'arrêta pratiquement jamais de travailler à cette cadence et accomplit la tâche qui lui avait été impartie pendant les trois années que l'auteur passa à Bethlehem. L'un après l'autre, les ouvriers furent sélectionnés et formés à manutentionner les gueuses au rythme de 48 t par jour jusqu'à ce qu'elles fussent toutes chargées à ce rythme. »

Ce que fut la réalité

Nous citons M. Pouget (Taylor et le taylorisme pages 47-48)
«  La Bethlehem avait vendu un peu plus de 10 000 t de fonte qu'il fallait charger dans des wagons de chemin de fer. Le 13 mars 1899, Gillepsie et Wolle choisissent une dizaine d'hommes dans une équipe de manouvres composée essentiellement d'immigrés hongrois et leur demandent de charger un wagon aussi vite qu'ils le peuvent. A partir d'un certain nombre d'observations de cette nature, ils fixent à 76 t la capacité théorique maximale de manutention pour dix heures de travail sans interruption. Evaluant à 40% le temps nécessaire pour le repos et les aléas, ils en arrivent ainsi à proposer à Taylor de fixer à près de 46 t la charge de travail quotidienne d'un manouvre « de première classe ». Celui-ci détermine alors un taux de salaire aux pièces de 3,75 cents la tonne qui permettrait à un bon ouvrier de gagner 1,68 $ par jour, les manouvres payés à la journée recevant à l'époque 1,15$.

La mise en place de la nouvelle méthode se déroula dans un climat extrêmement tendu : les premiers manouvres refusèrent de travailler selon le nouveau système, des volontaires recrutés ensuite se récusèrent presque tous à cause des menaces dont ils furent l'objet de la part des autres ouvriers. Seul Henry Noll persista et devint le légendaire Schmidt non à partir d'une sélection scientifique, mais parce qu'il fut le seul à tenir le coup face à la fatigue physique et aux menaces.

Wrege et Perroni notent avec ironie que l'histoire de Schmidt telle que Taylor la raconte « a été tenue pour vrai par plusieurs générations d'universitaires et a été transmise avec souvent, hélas, de nouveaux embellissements, à des générations d'étudiants non seulement aux Etats-Unis et au Canada, mais à travers le monde entier » !

La façon dont Taylor imaginera dix ans plus tard l'histoire de Schmidt est exemplaire d'un procédé qu'il utilise souvent et qui consiste à transformer un événement historique pour en faire la présentation imagée d'un élément de doctrine. Il s'agit en quelque sorte d'une étude de cas destinée à rendre plus accessible et plus aisément mémorisable une proposition abstraite et, comme dans beaucoup d'études de cas, la réalité historique subit quelques inflexions pour mieux s'ajuster à la thèse exposée. Le décalage entre le récit haut en couleur de Taylor et la sèche réalité des archives peut conduire à l'accusation de mensonge, formulée par Wrege et Perroni. On préfèrera voir dans cette réinterprétation par Taylor de l'histoire de Schmidt un procédé pédagogique tolérable, qu'il eût sans doute mieux valu présenter comme tel. »

 

 

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